Pourquoi appeler ça l’industrie 4.0?

Jonathan Gaudreault, Professeur, informatique et génie logiciel, Université Laval

Qu’est-ce que l’industrie 4.0… Selon à qui on pose la question, on obtient des réponses différentes. Tout d’abord, on entend beaucoup parler dans les médias d’industrie 4.0, d’usines intelligentes, de révolution numérique et même de quatrième révolution industrielle. Qu’est-ce qu’on trouve derrière ça? Je crois qu’il est important de dire que lorsqu’on parle de quatrième révolution industrielle, c’est qu’on la situe par rapport aux trois premières. À titre de rappel, la première réfère à la création des premières manufactures grâce à l’introduction de la machine à vapeur comme force motrice. Ensuite, il y a eu l’électrification et la chaîne de montage, celle de monsieur Ford par exemple. La troisième, beaucoup plus près de nous, c’est l’introduction de l’informatique et de la robotique comme outils servant à la production de biens dans les usines.

Lorsqu’on parle de la quatrième révolution industrielle, on fait référence à ce qu’on trouve beaucoup plus récemment, c’est-à-dire l’interconnexion des différents systèmes de production. On utilisait déjà l’informatique auparavant, mais maintenant les différents systèmes de production des usines sont interconnectés sur le plancher de production, ils sont également connectés avec les systèmes de gestion de l’entreprise qui sont eux-mêmes connectés à ceux des fournisseurs et des clients. On se trouve donc avec un système de production intégré, planétaire, allant de la matière première jusqu’au client final.

La résultante de ça, c’est une capacité d’avoir une très grande agilité, d‘être capable de fabriquer des produits sur mesure pour un client, à la demande, pour à peu près les mêmes coûts de revient qu’on avait auparavant pour de très grandes séries. Ça amène de grands changements, de grandes perturbations dans les façons de faire parce que les attentes des clients ont changé: ils s’attendent à recevoir leur produit très rapidement. Donc, on ne peut plus produire très loin des marchés et avoir un bateau qui traverse l’océan une fois tous les six mois pour nous apporter les produits en question.

Un exemple de ça, c’est la compagnie Adidas qui a pour objectif de réduire le temps entre la conception d’un produit et la vente du premier exemplaire de 18 mois à quelques semaines. En fait, elle veut même aller plus loin. Elle souhaite avoir des usines à peu près de la taille d’un conteneur près des marchés; le client se connecte sur un site Web, fait la configuration de la chaussure comme il souhaite l’avoir, va peut-être dans un centre spécialisé pour avoir la numérisation de son pied en 3D. Sa chaussure est fabriquée sur mesure pour lui et il en prend possession dès le lendemain. C’est ça, la quatrième révolution industrielle.

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